Publié le 14 février 2023
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⇒ Sauter à la Partie 1 (”Renforcer l’action associative par l’Approche systémique”) - ce qui serait fort dommage si vous n’avez pas lu la Partie 0 !
⇒Sauter à la Partie 2 : “Un regard neuf sur les besoins sociaux grâce à la pensée systémique”
Quand un problème est durable et généralisé, quand il est lancinant, qu’il perdure dans le temps malgré des efforts immenses, quand il se reproduit implacablement, c’est qu’il n’est pas dû au hasard.
Nous pouvons illustrer cela avec l’exemple de VoisinMalin. C’est une association qui travaille depuis 10 ans dans les quartiers populaires. Sa mission est d’essayer de retisser le lien entre habitants et institutions, de renforcer le pouvoir d’agir des habitants et d’améliorer la qualité des services (notamment des services publics) qui sont proposés.
En effet, les équipes de l’association en font l’expérience chaque jour : dans ces quartiers populaires, on retrouve de manière systématique à la fois un dialogue rompu et de la défiance entre habitants et institutions, des conditions et un cadre de vie dégradés, un pouvoir d’agir des habitants très limité, des services publics d’une qualité médiocre comparée à la moyenne nationale, et un niveau de non-recours au droit très élevé malgré des situations parfois extrêmement précaires.
Il n’existe pas une sorte de hasard (ni de raisons non fortuites !) faisant que dans certains quartiers populaires, la confiance règne et les services publics sont de bonne qualité, tandis que dans d’autres la situation est inverse. Non. Ces problèmes sont généralisés, on les retrouve dans tous les quartiers populaires où l’on met les pieds. On peut les qualifier d’endémiques. Ces problèmes ne sont pas dûs au hasard.
**Mais, si cela n’est pas un hasard, c’est qu’il doit bien y avoir une raison et il convient de la trouver ! Quelle est l’explication, quelles sont les causes de ce problème ? Qu’a-t-il bien pu se passer pour qu’on en arrive là ?
****Est-ce l’Etat qui a abdiqué ? Les habitants qui rendent la situation ingérable ? Les associations qui par leur travail court-circuitent celui des institutions ? Les élus locaux qui se désintéressent et laissent la situation se détériorer ? Les agents municipaux (ou de la Poste, de Pole Emploi etc) qui font mal leur travail ?
Mais surtout, parce que nous sommes optimistes et orientés solution (n’est-ce pas notre job, à nous, les associations ?) : Que doit-on faire pour résoudre le problème ? Quel remède peut-on concocter, quelles actions peut-on trouver pour améliorer les services publics et retisser la confiance ? Quelle innovation sociale pourrait répondre à cet enjeu ?
L’Approche Systémique ne permet pas de mieux répondre à ces questions. Elle ne cherche pas à y répondre, tout simplement. Ou plus précisément, l’Approche Systémique permet de comprendre qu’il est vain - contre-pdouctif, même - de chercher à trouver la cause (ou les deux trois causes) d’un problème puis de concentrer toute son énergie sur le fait de concevoir et déployer des solutions.
En revanche, pour un systémicien, quand un processus, un résultat (ici, un problème) est stable, invariable, quand “c’est pas un hasard”, la suspicion s’allume : c’est probablement le fruit d’un système.
Plutôt que de chercher à répondre à ces questions, l’Approche Systémique en pose d’autres, alternatives :